Fruits et légumes

Concurrence avec l’Espagne, le Maroc, les Pays-Bas, l’Italie et Israël

 En France :

  • Normes strictes sur l’usage des phytosanitaires (interdiction de molécules comme le diméthoate ou le chlorpyriphos)

  • Obligations environnementales (ZNT, rotation des cultures)

  • Respect du SMIC agricole, déclaration des travailleurs

  • Coûts élevés du transport intérieur et des emballages (normes environnementales françaises)

 Produits importés :

  • Cultivés avec des pesticides interdits en France

  • Récoltés par une main-d'œuvre sous-payée voire exploitée (Maroc, Espagne, etc.)

  • Arrivent moins chers en France, même avec des centaines de kilomètres de transport

  • Parfois vendus plus frais que les produits locaux, faute de circuits courts valorisés

  • Le producteur français vend à perte ou arrache ses vergers faute de rentabilité

  • Les tomates espagnoles, fraises marocaines ou cerises turques inondent le marché à des prix inférieurs au coût de production français

Arboriculteurs et maraîchers : la double peine de la concurrence étrangère et du climat

On parle souvent des difficultés de la viande ou du lait, mais les filières végétales – fruits, légumes, viticulture, grandes cultures – ne sont pas épargnées. Certaines sont carrément en crise silencieuse. Prenons les fruits : la production française de fruits a chuté depuis 20 ans dans des proportions alarmantes pour certaines espèces. Exemple : la Dordogne produisait 18 260 tonnes de fraises en 1995, elle n’en produit plus que 7 500 t aujourd’hui En face, l’Espagne exporte 350 000 t de fraises par an inondant les marchés européens. Malgré leur qualité, les fraises périgourdines ont du mal à se vendre – et beaucoup d’agriculteurs abandonnent, faute de relève. –45 % de producteurs en retraite sans succession dans 10 ans

Le décalage de normes et de coûts est criant. En France, la main-d’œuvre agricole coûte cher (salaire minimum, charges), le foncier aussi, et on impose des restrictions de traitements (ZNT riverains, interdictions de molécules, etc.).Contrairement à l' Espagne ou au Maroc, ou le coût du travail est beaucoup plus bas, et les contraintes moindres

Pour les légumes, même combat. Des exemples de 2019 : concombres et courgettes espagnols vendus moins cher sur nos marchés locaux que les nôtres, créant une colère des maraîchers. Certains marchés de plein vent se sont remplis de revendeurs de produits importés (que le consommateur pense parfois locaux). La Confédération Paysanne dénonçait « la concurrence croissante de l’importation, notamment sur les marchés de plein vent » et indiquait que les surfaces maraîchères en France ont chuté de 150 000 ha en quelques décennies

Le changement climatique a aussi frappé nos arboriculteurs. Gel tardif en 2021 : presque toute la récolte d’abricots et pêches perdue dans le Sud-Est. Pendant ce temps, l’Espagne, moins gelée, a pu récolter. Nos rayons ont donc été remplis de pêches et abricots d’Espagne… Au final, nos arboriculteurs ont subi la double peine : perdre leur récolte et voir le marché occupé par le concurrent. Idem en pommes en 2021 (gel) puis 2022 (sécheresse). L’Italie ou la Pologne (mieux irriguées ou arrosées) ont maintenu les volumes et nous ont fourni. Cela pose la question : avec le réchauffement, la carte des productions évolue, et on risque d’importer toujours plus si on ne s’adapte pas (irrigation, variétés résistantes). La loi traçabilité ne résout pas ce problème agronomique, mais peut aider sur le plan commercial : si le consommateur voit clairement “pomme origine Pologne” sur sa compote, peut-être en choisira-t-il une autre made in France. La transparence empêchera ce patriotisme de façade, et incitera les industriels à sourcer local pour pouvoir mettre le drapeau.

Ce que la loi apporterait aux fruits & légumes : d’abord les clauses miroir pesticides. Par exemple, interdire l’import de fruits contenant des résidus d’un pesticide interdit en France. La France a commencé à demander ceci, en particulier sur les cerises/diméthoate et sur le thiaclopride (traitement insecticide des agrumes). Demain, on pourrait étendre : pas de pommes de pays autorisant un insecticide banni ici, ca serait un début de clause miroir environnementale. La proposition de loi soutient clairement cette approche.

Ensuite, la traçabilité blockchain aiderait les petits producteurs locaux à mettre en avant leurs pratiques qualitatives. Par exemple, un jus de pomme fermier pourrait via le QR code raconter son “histoire” (variété ancienne, verger agroécologique…). Un jus industriel bas de gamme importerait des concentrés de Chine : lui aussi devrait le marquer, et ça se verrait. On arriverait à un marché plus segmenté et transparent, où chacun pourrait éviter les produits à rallonge d’origine lointaine s’il le souhaite. Aujourd’hui on ne peut pas facilement.