Grandes cultures : céréales, oléagineux, un enjeu de compétitivité et d’indépendance
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Les “grandes cultures” (blé, maïs, colza, tournesol, protéagineux) sont souvent présentées comme une filière excédentaire et exportatrice – ce qui est vrai pour le blé ou la betterave. On pourrait croire qu’elles ne souffrent pas. Toutefois, plusieurs problèmes se posent :
– le colza : la France a vu sa production baisser après l’interdiction des néonicotinoïdes (ravageurs difficiles à contrôler autrement). Résultat, l’UE importe plus de colza d’Ukraine, du Canada… justement cultivés avec ces néonics (au Canada du moins). Importer ce qu’on s’interdit de produire, n’est-ce pas absurde ? La clause miroir doit justement éviter cela. Il se trouve que l’UE a enfin réagi : elle a adopté début 2023 l’interdiction d’importation de produits contenant des résidus de 2 néonics dont le thiaclopride (appliquée à partir de 2026). La loi citoyenne encourage ce genre de mesure, et prévoit de rendre opposables ces principes dans le droit français sans attendre. L’idée est de « cesser d’absorber des normes minimales venues d’ailleurs »petitions.assemblee-nationale.fr. Cela vaut pour le colza : on ne veut plus absorber l’huile ukrainienne produite avec des pesticides qu’on juge néfastes.
– le soja et les protéines : la France importe massivement du soja (pour l’alimentation animale) venu du Brésil, USA, etc. Ce soja est souvent OGM et traité au glyphosate en pré-récolte, etc., pratiques interdites ici. Il contribue à la déforestation (pas toujours, mais le risque est là). L’UE a adopté en 2023 un règlement contre la déforestation importée qui va obliger les importateurs à prouver que leur soja n’est pas issu de parcelles déforestées après 2020. C’est une forme de clause miroir environnementale forte. La France pousse pour aller plus loin encore. Par exemple, un « observatoire européen de la fiscalité » propose une taxe sur les aliments produits avec des pesticides interdits dans l’UElebetteravier.fr. Appliqué au soja, cela taxerait le soja sud-amé aux néonics pour le rendre moins compétitif face au colza ou pois européen. Ce ne sont que des pistes, mais la philosophie est la même que la proposition de loi : mettre fin à l’avantage indu dont bénéficient des produits étrangers grâce à des pratiques qu’on juge inacceptables.
– les céréales : la guerre en Ukraine a bouleversé le marché. L’UE a suspendu les droits de douane pour aider l’Ukraine à exporter son blé, maïs… Cela a saturé les pays limitrophes (Pologne, Roumanie) de céréales bon marché ukrainiennes au point de déstabiliser leurs propres agriculteurs. Ils ont hurlé à la concurrence déloyale et l’UE a dû rétablir des quotas temporaires. La France, plus loin, en a moins souffert – nous exportons nous-mêmes. Mais l’épisode a révélé que le principe de marché ouvert sans garde-fou peut mettre à mal des filières entières. La clause miroir sociale et environnementale pourrait servir ici : par ex., exiger que le blé importé respecte les mêmes limites de résidus de pesticides, ou qu’il n’ait pas été séché avec des procédés interdits (certains pays utilisent des produits chimiques pour conserver le grain, etc.). Ça reste technique, mais l’esprit est que chaque fois qu’une distorsion apparaît, on la corrige par une règle commune ou on bloque l’import abusif.
Du côté des marges, les filières végétales ne sont pas épargnées. Un kilo de blé vaut env. 0,30 €. Transformé en pain (1 kg de pain demande ~0,8 kg de blé), il vaut 3 € ou plus. La valeur est multipliée par 10, dont une bonne part en valeur ajoutée boulangère (justifiée par le travail artisanal), mais aussi en coûts annexes (énergie, distribution) et marges. Un autre exemple : les légumes industriels (boîte de haricots verts). Le producteur a été payé ~0,50 €/kg de haricots, la conserve de 400 g est vendue 1,5 € (soit ~3,75 €/kg égoutté). La matière agricole représente alors <15 % du prix final. L’observatoire des marges note d’ailleurs que sur le panier végétal en 2022, la distribution a aussi reconstitué ses marges malgré l’inflation. La transparence profite donc également à ces filières : savoir que tel légume en boîte ne rémunère quasiment pas l’agriculteur incitera peut-être à acheter du frais local ou du bocal direct producteur.
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