“Dis-moi ce que je mange” : un droit citoyen et sanitaire
Au-delà de la technologie, l’enjeu est démocratique. « Pour les consommateurs : [cette loi] c’est un droit fondamental à l’information loyale »petitions.senat.fr. Avoir la liberté de choix suppose d’avoir la connaissance. Avec la transparence alimentaire intégrale, on rend au citoyen la maîtrise de son alimentation. Chacun pourra vérifier que son poulet est bien né en France, que son fromage a bien été au lait cru, que le producteur de ses lentilles est bien local, etc. On pourra aussi détecter les incohérences (par ex. un jus “pomme du Limousin” qui contiendrait en fait 30 % de pommes d’Europe de l’Est).
Par ailleurs, c’est un formidable outil pour la sécurité sanitaire et la qualité. En cas de problème (contamination, allergène non déclaré…), on pourra remonter immédiatement la filière. Fini les rappels de produits laborieux où l’on retire tout un rayon par précaution faute de savoir d’où vient la cause. Là, on pourra isoler précisément les lots à risque. L’UE avait d’ailleurs rendu obligatoire l’identification des lots après l’affaire du cheval, mais trop souvent ces infos ne sont pas accessibles au public. La blockchain, elle, le permettra en temps réel. Les autorités aussi y gagneront : plus besoin d’enquêtes complexes, tout est enregistré.
Un point important est la fiabilité de ces données. La blockchain garantit la non-altération après coup, mais ne garantit pas la véracité de l’entrée initiale. Autrement dit, si un fournisseur ment au moment de renseigner, le mensonge sera figé. Comment éviter cela ? Par la responsabilisation et les contrôles croisés. Chaque acteur engage sa responsabilité juridique en entrant une info. Le caractère infalsifiable dissuade de tricher car ce serait visible. On peut aussi coupler la blockchain à des capteurs automatiques (exemple : un capteur GPS scellé sur un camion de lait pour vérifier son itinéraire et température). On peut imaginer que l’intelligence artificielle analysera ces masses de données pour repérer des anomalies (par ex. un intrant mentionné comme français alors que la quantité dépasse la production nationale, etc.). L’important est qu’aucun maillon ne puisse dissimuler ou détruire une information : tout restera dans l’historique public.
Le texte de loi intègre d’ailleurs un travail sur l’interopérabilité européenne. Il suggère de fonder un système harmonisé au niveau UE, cofinancé par des programmes européenspetitions.assemblee-nationale.fr, pour que la traçabilité soit commune à tous les pays volontaires. La France propose d’être pilote sur le sujet, en mobilisant le programme Horizon Europe et la PAC pour financer l’effort (ce qui allégerait la charge pour l’État français). Ce leadership français correspondrait bien à notre tradition d’excellence sanitaire et de qualité agroalimentaire. Comme dit la pétition : « La France doit cesser d’absorber des normes minimales venues d’ailleurs, et imposer ses propres exigences comme socle de référence européenne »